A propos d’Open By Design
Openbydesign.io est une tribune pour celles et ceux qui font le choix de l’ouverture, de l’intelligence collective et du développement collaboratif pour leurs projets. Peu importe le secteur, qu’ils parlent d’open source ou de logiciel libre, d’open hardware, d’open data, d’open innovation, ou encore de “communs”, ces acteurs partagent une vision commune. Celle d’une société dans laquelle l’innovation ne se conçoit plus à l’échelle d’un acteur, mais à celle d’un ensemble d’acteur unis pour une même cause. Celle d’une société dans laquelle l’innovation ne s’imagine pas sans explorer, créer des ponts, bousculer, adapter et réinventer. Le numérique est le déclencheur et les modèles ouverts agissent comme catalyseurs, un moyen au service de l’innovation et non une fin.
C’est aussi notre vision, depuis la création d’Inno³ en 2011, et l’environnement dans lequel nous agissons quotidiennement. Nous ne cessons pas de découvrir de tels projets, d’y contribuer, ou même d’en créer nous-mêmes, expérimentant et analysant au fil des pratiques les leviers de ces modèles ouverts. Nous avons toujours eu à cœur de pratiquer et partager ces réflexions, convaincus que nous avons tous beaucoup à apprendre des uns et des autres. C’est dans la continuité de cette action que nous ouvrons aujourd’hui le blog openbydesign.io
Innover, pas sans les modèles ouverts
Les modèles ouverts (Open Source, Open Data, Open Hardware, Open Content …) sont indispensable à l’innovation, aujourd’hui intrinsèquement plurielle. Pendant longtemps, l’innovation devait rester secrète et protégée, pratique renforcée par la spécialisation croissante des filières, des disciplines et des métiers, qui a contribué à renforcer la concurrence sectorielle. Dans un contexte de mondialisation et du “tout numérique”, les organisations ne peuvent plus innover seules. Elles sont forcées de s’ouvrir et de collaborer, réduisant ainsi leurs coûts de développement, leur time-to-market, les cycles de production. Ainsi, la plupart des entreprises ne dissocient plus leur transformation numérique des enjeux d’innovation ouverte.
Cependant, si l’Innovation Ouverte est adoptée par de nombreuses organisations, peu d’entre elles entrent réellement dans une démarche d’ouverture systématique, ni ne raisonnent à l’échelle globale. En effet, au-delà de la « simple » gestion des flux de savoirs, ce modèle suppose d’aller plus loin afin de pérenniser le dispositif et ainsi entraîner la confiance — clé du développement d’un marché — des autres acteurs économiques au travers du recours systématique à la collaboration.
L’innovation ouverte doit reposer sur des valeurs communes telles que la transparence, la collaboration et la mutualisation, l’inclusion et la décentralisation, la reconnaissance et la responsabilisation. Celles-ci sont les ingrédients qui favorisent la collaboration et la construction de relations de confiance dans une logique de réseau et d’écosystème.
Chaque organisation doit donc véritablement mener une réflexion globale quant à ses stratégies de développement — désormais ouvertes vers l’extérieur —, quitte à opérer une modification profonde des relations avec ses partenaires, ses distributeurs, ses concurrents, ses clients et ses salariés.
Cette posture repose donc fortement sur les modèles de l’Open Data, de l’Open Source et de l’Open Hardware, et nécessite un certain « lâcher prise », paradoxalement indispensable pour assurer un réel retour communautaire.
Les modèles ouverts caractérisent des modes de développement et d’exploitation horizontaux de créations (logicielles, données, matériels, etc.), définis par des outils contractuels spécifiques (en premier lieu les licences Open Source) qui formalisent les principes de partage et de collaboration unissant les contributeurs.
Pionnier en la matière, le logiciel libre a été formalisé dans les années 80, par Richard Stallman et la Free Software Foundation. Cette vision a rapidement été complétée par celle de l’Open Source Initiative. Depuis, ce modèle a été largement adopté par les organisations privées comme publiques. Aujourd’hui, l’Open Source constitue aujourd’hui une partie significative de tout système d’information et contribue aux processus métiers de la plupart des organisations.
Progressivement, les logiques de l’Open Source ont inspiré le développement d’autres modèles, contribuant à élargir le mouvement d’ouverture déjà bien amorcé.
Citation tirée du Documentaire « Nom de code : Linux«
Ainsi, l’Open Data répond à des logiques économiques et de transparence, et renforce les projets de Big Data tout en ajoutant une dimension collaborative et de repartage alternative. L’Open Content a connu un essor particulier avec la création des licences Creative Commons utilisées par le projet Wikipédia. L’Open Hardware répond aux mêmes logiques, dans le domaine des matériaux (technologies et produits physiques), permettant ainsi une optimisation des coûts et de bénéficier de matériels parfaitement adaptés aux besoins (Arduino, Open Compute, etc.). Les Open API facilitent l’exploitation des données ouvertes par les développeurs en s’appuyant massivement sur des standards ouverts et connus de tous. Plus récemment, l’Inner Sourcing consiste à appliquer en interne les principes de l’Open Source : sur la gouvernance, sur les processus de décision, d’apprentissage et sur le partage.
La croissance éclair d’écosystèmes industriels dédiés au développement de communs
Un écosystème ouvert et innovant est un environnement ouvert, favorable à l’innovation, qui promeut la collaboration entre un ensemble d’acteurs afin de produire et gérer des ressources nécessaires à celui-ci. Généralement spécialisé par secteurs métiers ou transverses, il agit comme un espace d’actions communes, favorable au partage d’expériences, à l’expérimentation et au consensus. À mi-chemin entre les démarches de mutualisation de R&D et de convergences stratégiques, il encourage les stratégies modernes d’Innovation Ouverte.
Qu’ils soient spécialisés par secteurs métiers ou transverses, ces écosystèmes fleurissent, s’organisant et se développant à grande vitesse.
Le programme de coopération Appollo.auto, lancé par Baidu AI, réunit plus de 80 organisations
En 2017 Baidu et Tecent ont initié des alliances pour accélérer la croissance du marché des véhicules autonomes par la structuration en écosystème mutualisant informations, logiciels, matériel et données. Le programme Open Source Tencent a annoncé la création d’une nouvelle alliance, qui compte parmi ses fondateurs Audi, BAIC Sebastian Thrun (créateur de la Google car).
« Seuls ceux qui collaborent avec les spécialistes d’autres secteurs pour fabriquer les prochaines générations de voitures survivront, ceux qui veulent continuer à travailler dans leur coin mourront »
Xu Heyi, PDG de BAIC
Ces écosystèmes s’organisent autour de la production de communs :
Les communs sont des ressources (référentiels, logiciels, matériels, données, etc.) ouvertes et partagées, auxquelles plusieurs acteurs contribuent, gouvernées collectivement par des règles communément admises (licences ouvertes, chartes, etc.).
Développer des communs implique de mettre en oeuvre une gouvernance adaptée pour supporter la création, le développement et la pérennité de ces communs au sein d’un secteur. Les acteurs concernés doivent donc dépasser la simple ouverture des ressources qu’ils développent, afin de maximiser les bénéfices que chacun peut en tirer à son échelle.
Les 3 piliers d’un écosystème ouvert
Visuel tiré de la note « Écosystèmes ouverts et innovants » réalisée par Inno3 et la Fabrique des Mobilités, disponible sous lience CC By-SA 4.0
Deux initiatives emblématiques : ouvrir les mobilités et l’espace
Depuis 2017, nous avons la chance d’accompagner deux écosystèmes particulièrement impactants et ambitieux qui ont fait le choix de l’ouverture : la Fabrique des Mobilités dans le secteur du transport et des mobilités, et Fédération – Open Space Makers dans le secteur spatial.
Depuis plusieurs années, la Fabrique des mobilités rassemble les acteurs de l’écosystème des transports et des mobilités, en pleine transformation, afin de les faire converger autour de la production concrète de ressources partagées. Plus de 300 communs sont à découvrir sur le site de la Fabrique des Mobilités, ouverts à l’utilisation et à la contribution
Pour faciliter la découverte et la contribution à ces communs, la FabMob met à disposition de tous des ressources et vous invite à rejoindre la communauté sur leur espace de discussion.
Dans un autre secteur, Fédération est une initiative qui vise à ouvrir le monde de l’infrastructure spatiale au plus grand nombre pour que chaque citoyen puisse ancrer son action dans une démarche de création du monde futur.
Concrètement, Fédération offre l’opportunité à chacun de contribuer au développement et à la démocratisation de projets spatiaux en open source hardware, en intégrant une communauté qui développe et produit des savoir-faire, des connaissances et de l’infrastructure spatiale libre de manière collaborative, ouverte et responsable.
Open By Design : une tribune pour les dynamiques d’ouverture et de collaboration
C’est pour mettre en valeur ces initiatives et en commun nos retours d’expérience que nous avons créé Open By Design, suite et convergence naturelle de nos actions passées.
Aujourd’hui, nous ouvrons le blog Open By Design à tous ceux qui portent des projets ouverts, ou s’intéressent à ces modèles en devenir, dans plusieurs secteurs clés : spatial, énergie, santé, mobilités, culture, open gov, finance, droit, blockchain, smart cities, agriculture.
Pourquoi “Open By Design” ?
Nous souhaitons qu’Open By Design soit une tribune pour les projets ouverts. Déstabilisant les logiques habituelles, l’adoption des modèles ouverts implique d’expérimenter, de conceptualiser, de documenter, de partager. Si l’ouverture est devenue mainstream, l’enjeu est plus que jamais de pérenniser les cadres et modes de fonctionnement qui la rende possible. Beaucoup d’initiatives progressent de manière isolée, documentant peu leur action — souvent par manque de temps. Pourtant, nous avons intérêt à ne pas disperser nos énergies en mutualisant nos réflexions pour avancer efficacement.
Alors que le terme “privacy by design” est dans toutes les bouches, désignant le fait que la protection de la vie privée soit intégrée dès la phase de conception des nouvelles applications technologiques et commerciales, le terme « open by design » fait peu à peu son chemin. Il nous intéresse particulièrement car il traduit une notion d’automatisation et de systématisation de l’ouverture, et parce qu’il induit que l’ouverture n’arrive pas en bout de course : elle est intégrée dès la phase de conception d’un projet et irrigue donc l’ensemble de sa stratégie de développement.
Deux productions de 2017 utilisent ce terme, dans les domaines du Cloud et de l’Open Gov. Dans l’ouvrage “Open by Design – The Transformation of the Cloud through Open Source and Open Governance”, Philip Estes & Doug Davis démontrent comment les clouds propriétaires ont progressivement été remplacés par des projets Open Source s’appuyant sur des gouvernances collaboratives. Dans l’article “Open By Design”, Valentin Chaput explique pourquoi le mouvement “civic tech” ne peut fonder ses modèles et outils que sur l’ouverture et la collaboration.
Contribuez !
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Nous développons cette réflexion depuis la création du cabinet en 2011. Retour en quelques dates clés :
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