Cette tribune a été publiée le 6 décembre sur le site d’information ZDNet, par Thierry Noisette.  Benjamin Jean, CEO d’Inno3 et alors co-président du Paris Open Source Summit 2016, revenait en détail sur le message porté durant cette édition.

Face à la mondialisation, au développement du numérique et à la dispersion des savoirs, les entreprises ne peuvent plus innover de manière isolée. Conscient de cette évolution, Henry Chesbrough a théorisé dès 2003 l’innovation ouverte comme un modèle dans lequel l’entreprise s’ouvre vers l’extérieur pour innover au-delà de ses frontières habituelles. Au travers de ses écrits et même si l’Open Source n’y est pas expressément associée, l’auteur présente une vision différente de l’innovation au sein de l’industrie en profonde mutation.

Placée sous le thème de l’innovation ouverte, l’édition 2016 du Paris Open Source Summit s’est terminée mi-novembre après deux journées intenses de conférences et d’expositions. Illustrant tout le potentiel de l’open source en termes de transformation et d’innovation, cet événement  s’appuyait sur la présentation de multiples projets développés durant l’année au sein d’une dizaine de secteurs (agriculture, finance, droit, mobilité, robotique, santé, smart cities, etc.) et une  thématique recherche / fOSSa (Free Open Source Software for Academia) forte coorganisée par l’INRIA et VSCT (filiale technologie de Voyages-SNCF). Cerise sur le gâteau, le salon accueillait pour la première fois un « Village de la Legal Tech » réunissant les acteurs émergents et traditionnels du monde du droit sous le prisme de l’ouverture et de la collaboration.

Cette vision, approfondie au sein d’un guide dénommé « Empowering Open Innovation: du rôle et de la place des modèles ouverts », met ainsi au jour les bénéfices de l’open source, de l’open  data, de l’open hardware, de l’interopérabilité et plus largement des modèles ouverts au profit des acteurs souhaitant entrer dans une démarche d’innovation ouverte. Complétant plus qu’elle ne  remplace les discours classiques, elle pose les bases d’une innovation économique et sociétale  qui s’appuie sur la constitution d’écosystèmes favorables au sein desquels chaque acteur est invité  à se positionner clairement.

L’innovation ouverte suppose d’aller plus loin…

Collaboration et ouverture apparaissent aujourd’hui comme l’alpha et l’oméga de l’innovation de  demain, en permettant aux entreprises de réduire le time-to-market, les coûts de développement et  les cycles de production. Plus aucune semaine ne passe aujourd’hui sans annonce forte qui fasse la promotion d’une politique d’innovation ouverte d’une entreprise à grands renforts de chiffres et  de spéculations.

Néanmoins, les effets escomptés sont très souvent minimes dans la mesure où trop peu d’acteurs  font réellement le pari de l’innovation ouverte, la plupart du temps par incapacité à comprendre le  modèle dans son ensemble et à opérer les transformations culturelles et organisationnelles  induites. L’innovation ouverte ne se réduit pas à une simple logique d’acquisition, qui tuerait  l’innovation plus qu’elle ne la développerait, mais implique au contraire de systématiser,  automatiser et pérenniser les collaborations avec les tiers, de modifier – entre autres – les rapports hiérarchiques au sein de l’organisation, de repenser la perception des valeurs – et notamment  celle des biens immatériels.

…et les modèles liés à l’open source ouvrent la voie

Bien que fondés sur des philosophies différentes, innovation ouverte et modèles inspirés de l’open source reposent sur des valeurs communes telles que la transparence, la collaboration et la  mutualisation, l’inclusion et la décentralisation, la reconnaissance et la responsabilisation. Celles-ci sont les ingrédients qui favorisent la collaboration et la construction de relations de confiance dans  une logique de réseau et d’écosystème.

De plus, l’efficacité des méthodes et des processus de création collaboratifs mis en place par l’open source conforte les dispositifs liés à l’innovation ouverte. En plus de fournir la matière modelable qui accélère l’innovation, elle favorise la circulation des connaissances au travers  d’outils facilitant le travail collaboratif tel que Git (initié par Linus Torvalds) ou encore MediaWiki. Le succès de ces derniers est tel que cette méthodologie de collaboration a par la suite été  transposée aux données, aux contenus ainsi qu’aux organisations (innersourcing) et ce de  manière transversale puisqu’elle touche tant le domaine de la santé que celui de la mobilité en  passant par l’agriculture et la finance. Pour finir, le recours aux communautés open source  constitue un levier important pour l’entreprise que ce soit en termes d’innovation qu’en termes  d’expertise.

À bien des égards, les acteurs qui embrassent l’open source adoptent une posture innovante et ouverte qui favorise in fine leur stratégie de transformation. Ainsi, systématiser le recours à ces mécanismes fait entrer l’entreprise dans une démarche d’ouverture qui pérennise les relations  avec les acteurs de son écosystème (clients, fournisseurs, concurrents, acteurs publics, usagers,  etc.) et lui permet de bénéficier d’une véritable mutualisation.

Les différents témoignages, et notamment ceux des représentants de la Société Générale, VSCT,  Linkedin, Bloomberg ou encore PrestaShop ont ainsi démontré que les modèles attachés à l’open source sont aujourd’hui stabilisés et largement répandus. Les entreprises ont de plus en plus conscience du rôle essentiel joué par l’open source dans l’innovation et de l’importance de l’écosystème.

Le modèle open source est ainsi devenu une référence et une nécessité incontournables pour  prendre en compte la diversité des acteurs, la richesse du travail collaboratif, les règles de partenariat et de collaboration, et le soutien efficace à une démarche d’innovation ouverte.

Benjamin Jean, CEO d’inno3 et coprésident du comité de programme du Paris Open Source  Summit 2016

Retrouvez la tribune sur le site d’information ZDNet.

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