Nicolas Rabault, CTO & co-founder de Pollen Robotics, nous partage sa vision sur les enjeux présents et futurs de la robotique, et du rôle que les modèles ouverts (Open Source, Open Hardware etc.) joueront dans son développement. 

Contexte

Il y a 30 ans, l’ordinateur personnel faisait son apparition dans les foyers. Depuis, l’informatique, pourtant limitée à un monde virtuel par la manipulation de données numériques, a totalement chamboulé le monde. Son impact a été global et totalement imprévisible donnant lieu à de nouvelles manières de travailler, de communiquer, d’apprendre, de partager…

Aujourd’hui, la robotique commence son introduction dans les foyers. À l’instar de l’informatique, la robotique étend le champ d’action de la technologie numérique au monde réel. Comme l’informatique, la robotique se base sur la manipulation de données numérique mais avec des répercussions bien réel sur des objets physiques. Le robot agit ainsi dans le même monde que le nôtre !

En se retournant sur l’impact qu’a eu l’informatique et malgré son aspect purement virtuel,  on peut entrevoir le champ des possibles qu’offre la robotique, et l’impact énorme que la démocratisation de ce type de technologie pourrait avoir sur notre monde.

Ce domaine à une importance économique grandissante, et d’aucuns prédisent qu’ils seront au XXIe siècle ce que la voiture fut au XXe siècle.

Le potentiel de mutation sociétale que peut apporter la robotique est indéniable: du médicale (aide à la chirurgie, nano-robots, prothèses), à la mobilité (transports automatisés, drones) ou encore l’écologie (robot de nettoyage), l’assistance à domicile, le loisirs, …, la liste semble infinie. Cependant, cela va de pair avec un certain nombre de grands défis à résoudre, tant technologiques que sociétaux.

Ce besoin est d’autant plus aigu que la robotique est un domaine très diffus dont les progrès sont continus et progressifs, le plus souvent sans singularités ou évolutions soudaines qui permettraient d’attirer l’attention de la société sur ce qui va néanmoins à long terme profondément la modifier.

L’état de l’art de la robotique de service

Frankenstein, le cycle d’Asimov, Terminator, WALL-E, …, toutes ces histoires de science-fiction forment la vision que nous avons de la robotique de service, et c’est peut-être cet imaginaire qui structure le plus le regard que porte la société sur la place et les perspectives de la robotique aujourd’hui.

Dans la réalité le domaine de la robotique de service personnel est technologiquement très éloigné des idées propagées par les films hollywoodiens et par certain articles de blog. Les robot sont très démunie face à la complexité et à la variabilité des environnements domestiques. L’attention de la société est focalisée sur des questions qui ne deviendront peut-être pertinentes que dans plusieurs centaines d’années, alors que des questions plus pressantes et tout aussi importantes, relatives aux défis éthiques ou aux usages que nous voulons faire des robots à court et moyen termes, ne sont pas traitées ou sont déformées par le prisme de la fiction.

Aujourd’hui la robotique est en phase de maturation, nous assistons aux balbutiements d’une technologie pleine d’avenir. Tout reste à faire avant d’obtenir des machines sécurisées, ayant une réelle plus value, et répondant à un vrai marché.

D’ailleurs le rêve du robot à forme humaine initié par la science fiction n’est certainement pas la première étape. L’arrivé des robots domestiques est déjà initié, avec par exemple les robots aspirateurs, la domotique, ou encore nos voitures de plus en plus autonomes ! Tous ces robots ont une forme adaptée à leurs tâches, c’est ce qui permet de réduire leur coûts et de les rendre accessible au grand public.

Il n’y aura probablement pas un robot à tout faire mais plusieurs robots, chacun ayant des tâches et des formes bien définies.

La réduction du décalage entre imaginaire populaire, fiction et réalité de la robotique est aussi un défi essentiel des années à venir.

Il semble fondamental de mettre les utilisateurs et la société dans son ensemble au cœur de l’élaboration des nouveaux robots et de leurs usages, afin que ceux-ci soient choisis plutôt qu’imposés par une dynamique scientifique, industrielle et économique. C’est probablement là l’un des plus grands défis de la robotique. Le partage des sources de ces robots est donc un aspect central pour le déploiement de cette technologie auprès de tous.

Comment développer la robotique

Lever les problèmes scientifiques et technologiques de la robotique demande la mise en place de collaborations pluridisciplinaires sans précédent.

Généralement une technologies se démocratise lorsque différents groupes d’experts dans un sous domaine constituant cette technologie deviennent intercompatible. On voit alors apparaître un “standard” qui permet aux différents intervenants d’interagir les uns avec les autres.

Cette stratégie doit être mise en place pour favoriser l’évolution des technologies. Nous devons mettre en commun les développements et standardiser les outils de création robotique. Pour cela il faut mettre en place une base technique open-source accessible à tous, la diffuser au maximum et créer une communauté qui permettra de faire évoluer ce nouveau standard aux technologies émergentes.

Il sera également nécessaire de diffuser ces technologies auprès du grand public afin de la démystifier et de défaire toutes les fausses idéologies véhiculées par ce domaine.

C’est la vision de Pollen Robotics, une start-up Bordelaise issue de la recherche en robotique.

Les question sociétale et éthique que pose la robotique :

Au-delà des défis technologiques et scientifiques posés à la robotique, et de par les impacts potentiels que ces travaux pourraient avoir sur la société, des questions fondamentales, sociétales et éthiques, se posent.

Déjà aujourd’hui avec l’avènement de l’informatique et de l’internet se pose des problème lié à la souveraineté des donnée personnels. Le développement de la robotique ne peut qu’amplifier ce genre de problèmes. Il convient donc dès à présent d’imaginer les concepts qui permettront au utilisateurs de maîtriser leurs données.

Un bug informatique peut avoir des conséquences catastrophique, mais un bug dans un robot pourrait compromettre la sécurité des personnes. Il convient donc de mettre en place des sécurités physique, plus difficilement corruptible, pour prévenir un mal-fonctionnement.

Tous ces aspects liés à la sécurité doivent être imaginé de façon globale et partagé parmi tous les constructeurs. L’open-source est un atout pour résoudre ces problématique, il permet de garantir une neutralité de la technologie et permet d’établir une base commune à tous les développeurs.

Interventions lors d’#OSSPARIS16

Nicolas co-animera une session « Modular Robots System for Industries, Robotics & Entertainment », avec Stéphane Ribas, OSS Project Manager à l’INRIA, le 16 novembre prochain (détails et interventions à venir).

Cet track propose d’explorer comment l’open source peut permettre à la robotique de devenir un outil puissant, diversifié et transparent permettant à chaque citoyen de s’approprier cette technologie.

Il interviendra également en session Plénière SOCIETY, le 16 novembre après-midi dans l’auditorium des Docks de Paris.

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Posted by OpenByDesign